LE CHAT ET LE GRILLE-PAIN


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Une soirée tranquille d'Alain Une étrange matinée de Sylvain Chat sans tartine
Une soirée tranquille de Sylvain E-grille-pain Chat minée


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Forum: fr.rec.sport.roller
Subject: Re: Une soirée tranquille...
Date: 2 mars 2000
Author: CivI

C'est assez incroyable que tu nous racontes cette histoire maintenant, après ce qui m'est arrivé il n'y a pas une semaine.

J'étais en train de me promener avec Terpsychore. Le soleil réservait encore ses plus chauds rayons pour l'été mais il promettait déjà beaucoup, les nuages blancs parsemaient agréablement le ciel bleu et les oiseaux gazouillaient avec conscience. Nous étions donc tous les trois... Oui, je dis tous les trois parce que la mère de ma muse, un peu refroidie à l'idée de laisser sa fille en ma compagnie, nous avait collé un chaperon en la personne d'Artémis, plus connue sous le sobriquet de Diane Chasseresse. Alors là, je vous vois sourire. Certains même vont jusqu'à penser des horreurs comme 'heureux salopard'. Ne niez pas, je vous connais, vous êtes tous pareils. Mais si de telles bêtises vous viennent, c'est que vous avez des représentations d'Artémis erronées. Les tableaux du Greco et de Velasquez, sont bien beaux mais très librement inspirés. Il faut savoir qu'elle tient plus de son père que de sa mère. En fait, elle est à mi chemin d'une Walkyrie et du Minotaure. Avec un moins bon caractère que la messagère de la mort et une haleine pire que le fils de Minos. Vous me demanderez, pourquoi le Greco et Velasquez ont-ils peint une magnifique jeune femme ? Quand on est à dix pas de son modèle qui pèse 30 kg de plus que vous, qui parle comme un charretier et qui joue sans cesse avec un arc et des flèches, la vérité nue cède la place à la beauté même un peu voilée. Et puis vous êtes lourds avec vos remarques déplacées, je sais plus où j'en étais. Et puis d'abord, c'est quoi un planchonnier ? Où peut-on y fixer une ampoule ? Est-ce qu'on peut se mouvoir en société avec un planchonnier ou même l'évoquer au cours d'une conversation anodine sans soulever un tollé de protestations indignées ? Et ça fait combien de points au Scrabble ? Bon, sang, j'aimerais que vous arrêtiez un peu de m'interrompre pour des choses futiles sinon je ne vais jamais finir mon histoire et on ne saura jamais pourquoi les chats dorment dans les grille-pain alors qu'il y a beaucoup plus de place dans un banal four grilloir.

Oui, donc j'étais en compagnie de la fille de Léto qui ne m'inspirait pas du tout et de la quatrième muse qui au contraire, ravivait en moi tout un tas de métaphores sur les bourgeonnement printanier des chênes centenaires et le vol gracile des nuées de papillons et autres guêpes allant fourrer leur trompe on ne sait zou que m'avait jadis soufflé une de ses sœurs pour des raisons purement professionnelles, dois-je le souligner. Une petite ballade en forêt m'avait paru un endroit propice à lui chanter ses louanges (jeu de mot breveté par PA, le lecteur doit s'acquitter d'une obole). En plus, ça permettait à notre Cupidon monté en graine de darder ses flèches vers un gibier plus à même d'apprécier ses talents cynégétiques. J'en étais au moment où monsieur papillon construit un nid en ramassant les plus beaux cailloux de la banquise. Mon unique public était pendu à mes lèvres et je ne doutais pas de bientôt pouvoir mettre à profit son don pour l'alpinisme quand nous fûmes interrompus par les bramements de Rambo en jupe fendue.

Il était bien question de bramer puisqu'elle avait déjà descendu le papa de Bambi, la maman de Bambi, Pan-Pan et ne désespérait pas de trouver cet #{[~#{[ de faon avant la fin du jour. Nous crûmes de prime abord que ce bon vieux Walter allait devoir trouver un autre sujet de film quand Terpsychore eut un flash (elle est très forte pour lire le langage des corps). Diane avait repéré un colibri !

Là je fais une pause, je comprend parfaitement que vous soyez sur le cul. Non, je veux dire, franchement. Un colibri ! En plein Péloponnèse ! Pourquoi pas un martin-pêcheur ? Ha ha, ce que je peux avoir des idées baroques parfois. Enfin bref, trêve de gabegies.

Notre Guillaume Tell avant l'heure se fait un devoir de descendre cette abiotopie aberrante. Mais le bougre de zoziau est coriace, il évite une flèche, puis l'autre, et enfin tout le carquois. J'en profite pour signaler qu'il est vraiment stupide de darder le ciel de ces petits bouts de bois tant il est certain qu'il vous les renverra avec presque autant de vitesse. Au comble de l'énervement, Diane lui balance un chêne, arbre à glands multi séculaire et qui ne pensait pas pouvoir encore s'envoyer en l'air. Le piaf est surpris, se mange le vénérable et choit. Quelle ne fut pas alors notre surprise de constater que ce que nous avions pris de bas pour un colibri était en fait un corbeau aux ailes peintes en vert ! Ah, nous avons beaucoup ri de notre naïveté. Terps avec légèreté, moi avec retenue (j'étais en train de manger des m&m's, ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça) et Artémis comme une mouette de 190 livres.

Une fois ces émois passés, nous nous penchâmes sur le volatile dans un sale état. Il transportait avec lui dans une petite valise des vignettes illustrées, des lettres prétimbrées, du papier épistolaire à entête et un stylo à bille (normal pour un oiseau) vide d'encre. De toutes évidences, il était à l'agonie et tenait à nous faire part de dernières paroles. Sa voix était humide de sérénité. Si, c'est possible. 'Les chats, nous dit-il, les chats dolment..... dans les glille-pain pasque ....' 'Où ça ? l'interrompis-je. Dans les sacs à main ?' 'Non... tousss touss, dans les glille pain, les glille-pain' 'Pas compris, commenta Terps' 'Moi non plus, renchérit Diane, les mille-pattes ?' 'glille-pain, pasque les chats, les chats.... continua l'autre mauvais augure, écoutez-moi'. A ce moment, il se fit tard. La mère de ma muse allait s'impatienter et il fallait rentrer par le dernier bus sinon il faudrait appeler le jumeau de Diane et j'ai ce frimeur encore plus en horreur. C'était une chouette journée finalement. 'Les chats... les petits chats, dans les glille-pain, pasque, pasque...', charriât encore un moment une légère brise venant du coeur de la forêt.

PS : J'offre la culotte (petit bateau) d'Artémis (obtenue au péril de la vie d'un autre) au premier qui me donne le nom de la mère des neuf muses.

PPS : Un ami et néanmoins patineur, fréquentant plus ou moins assidûment la RAFRSR me faisait remarquer que mes posts (ainsi que ceux, dénonçons-les, on souffre moins à plusieurs, de Sophie et d'Alain) sont quand même longs à lire pour parfois peu d'intérêt. Toujours soucieux du confort du lecteur potentiel, j'apporte une réponse à ce problème : Oui, en effet.


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