LES CR DE LA RAFRSR


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CR de la RAFRSR du 28 juin 2001


Sujet : Chronique d'un lâche ou la rando frsr du jeudi soir
Le vendredi 29 juin 2001 à 03:52, dans fr.rec.sport.roller ptit-lu@usa.net (P'tit Lu) nous informa :

Chronique d'un lâche ou la rando frsr du jeudi soir

Ce jeudi après-midi s'avance dans une frénésie de travail, le front se plisse d'incertitude et la sueur perle aux tempes fébriles en lourdes gouttes. En bas de l'écran, l'horloge semble omettre les heures, accentuant l'inquiétude d'un retard de bouclage. Charrette ? Allons ! Ca va passer, ça va passer !

Hé ! C'est passé ! Bouclé !

Détente.

Vautré dans un fauteuil, un verre d'eau fraîche à la main, j'observe mes patins. Regard attendri. Sourire béat. Et si je faisais un tour au Palais Royal ? Le jeudi soir, il y a la rando frsr. A tenter. Je tente ? Je tente.

Changement de déguisement. Je troque le costume de travail contre celui de patineur. Enfilage. Laçage. Roulage.

Arrivé sur la place, je repère les têtes. Et les patins. Vus sur Internet. C'est eux. Prudent, je ne tente pas l'approche. Des vieux, un niaiseux, un retardataire historique à l'heure, des parkinegueurs, une dragonne, un chien fou, un monstre (gentil ?), un mégalo, un Armand (ou Robert ? Ca reste flou), un couple de dahus, des très vieux, des djeunz, des gueulards, des ricaneurs, des foire-du-trône, des sadiques, des ldp, des quadeurs, un bottineux, des filles, des gars, j'en passe. Quel groupe ! Il ne faut vraiment pas avoir honte.

J'ai honte.

Je fais des petits tours, guettant en coin leur départ. Neuf heures. Rien ne se passe, ça papote, ça rit, ça braille, ça slide. Neuf heures et quinze minutes, toujours rien. Neuf heures et dix-huit minutes et arrive l'apollon sans chandail bariolé, le jeune premier de la rando. Je le reconnais à ses step-in.

Ca y est, ils partent. Un groupe vers la Place Colette et un autre sur Rivoli vers le Châtelet. Eh là ! Comment je fais, moi ? J'opte pour le groupe qui s'éloigne en direction du Châtelet. Je reste discret et sur le trottoir d'en face. Bien m'en prend. Ils font un brusque changement de parcours et traversent la Seine. Par les rues pavées. Sont pas bien. Ils grillent les feux rouges, catchent des véhicules, prennent les voies à contresens, se jettent sur les capots des voitures pour esquiver à la dernière minute, font les pitres et les parkings, forment de multiples scissions, font un usage immodéré du téléphone portable pour regrouper les scissions, prennent des tas de pavés et des centaines de marches, utilisent la chaussée comme si elle était à eux, utilisent le trottoir comme s'il était à eux, bref, ils sont in-fré-quen-tables.

Et puis, il y a cette histoire de cotisation. Pour faire une randonnée, une balade dans les rues de la ville où on roule sur ses patins, à la force de ses mollets et de ses cuisses, voire de ses abdominaux pour ceux qui en ont, à ses risques, sans staffeurs, sans secouristes, sans ambulance, sans policiers, sans parcours prédéfini, eh bien le bruit court qu'il faut régler une cotisation de 500 francs (76,22 euros). Ca me paraît gros. Débourser pour rouler avec des dingues ses patins sur le bitume payé avec ses impôts dans la pollution inspirée par ses poumons et emmagasinée dans ses bronches... Une blague ou du racket. Je pencherai pour la blague.

Ce qui est injuste, c'est qu'ils passent leur temps à blaguer avec les flics qui ne les réprimandent jamais, ils jouent aux quilles avec les piétons qui les remercient de leurs sourires, ils bloquent les taxards qui les klaxonnent mais ne les renversent pas, ils font les parkings sans que les vigiles lâchent les chiens, ils se vautrent et se relèvent en riant (mais en vérifiant leurs roues car c'est toujours la fautes des roues), ils... La liste est trop longue. Une telle iniquité, c'est révoltant.

Ils se moquent du monde en permanence. Un type leur demande s'ils sont la rando du vendredi soir, ce à quoi l'un des petits malins rétorque que "Oui, on part plus tôt parce qu'on est lent". Vous voyez le genre. La honte.

Il faut l'avouer, j'ai suivi la bande à distance dans les méandres de sa promenade. Je n'ai pas osé intégrer le groupe. Je n'arrive toujours pas à déterminer s'il s'agissait de crainte de l'accident ou du ridicule. J'en parlerai demain à mon analyste.

Si je parviens à surmonter mes difficultés psychologiques, je tenterai de me présenter la semaine prochaine. Et puis j'aurai peut-être de nouveaux patins. C'est les soldes et il est grand temps que je change pour des Boen tout neufs mes vieux Fischer Price (tm)(c) tout usés.

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P'tit Lu

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