Fier et droit, comme à son habitude Fredo se tenait accoudé sur le parapet du pont.

- Salut Vachou, tu voulais me rencontrer ?

Elle se racla la gorge, peniblement, chuinta un discret et bref :

- Ouais, discretos et rapidos, hein, c'est passe qu'y m'arrive des trucs pas possible en ce moment.

Vachou avait l'air abscente, comme si elle venait d'endurer de grandes souffrance, comme si elle avait été obligé de se plonger dans la folie, pour échaper à la douleur, et réaparaitre un peu plus loin, nue, brisée, anéantie.

Fredo ne disait rien, il avait l'air comme absorbé le regard perdu dans le lointain. Puis, tout en abaissant lentement les yeux

- Ok c'est bien, tu es venue sans tes roller aux pieds, c'est déjà ca

Elle repondit instantanement, comme blessée par le propos

- Ouais mais en fait, c'est qu'y pleut, sinon j'les aurais mis

- Justement, il ne faut plus les mettres. Il repris sa respiration. Si j'ai bien compris ce que tu m'a dis tout a l'heure au telephone.

- Ouais, c'est dingue ce qui m'arrive en ce moment, je flotte, je plane, je flippe, comme jamais j'ai flippé .... et tout le reste .... en ce moment ..... t'ain ch'suis destroy total. .... c'est la mega zone, tu te rends compte Fredo la mega-zone, je mega flippée en ce moment, je vais crever, j'en ai marre, c'est dingue, j'ai la teuté qui va s'décoller.

Fredo écoutait Vachou, immobile et silencieux, comme glacé par la plus terrible des catastrophes. Dans sa tete, une amorce de schema semblait prendre forme, en meme temps que des souvenir de ses cours de chimie organique lui revenait à l'esprit.

- Tu m'écoute mec, ca fait 5 minutes qu'on se regarde comme ca .... sur ce pont de naze, je flippe et toi tu rêve .... merde .... dit quelque chose.

Elle repris :

- Hein, tu m'as pas dit de venir comme ca ... !! quand même ... hein .... comme des voleurs, ou des espions.

En disant cela, un petit sourire, fragile et tenu, eclaira ses lévres, qui se refermérent aussitot.

Fredo rassembla avec peine ses pensées, et, noyé dans un brouillard epais, le cerveau comme figé par une cuite à l'ether anesthesique. Comme dans un cauchemard ou la realité et son corps se deforment de facon dantesque.

- Le Virus-Qui-Rend-Gueudin ....

- Hein quoi? .... C'est quoi ?.... T'as dis quoi ????

- Le Virus-Qui-Rend-Gueudin ....

- Mais c'est quoi, ce Virus-Qui-Rend-Gueudin que tu me parles ?

Fredo repeta, hébété.

- c'est ca, c'est ca, c'est le Virus-Qui-Rend-Gueudin ....

Vachou hurla.

- F.R.E.D.O.O.O. ..... P.U.T.A.I.N ..... !!!!

Elle hurlait son nom, comme une incantation, puis elle se reprit ....

- Fredo, c'est quoi ce truc, ce virus.

Elle haleta, le souffle court

- Enfin ..... ce machin .... là, ce truc, ton Virus-Qui-Rend-Gueudin

Fredo, maintenant, se grattais la tete, d'un air pensif. Ses yeux petillaient derriere ses lunettes, on voyait bien qu'il venait de trouver la solution à une enigme

- Ecoute Vachou, ce que je vais te dire, est tres important.

Il retint son souffle.

- Vachou, tu as été victime d'une conspiration

Vachou cilla des yeux.

- Ben merde ... 'culé

Fredo repris.

- Oui, Vachou, dans l'ombre, quelqu'un tire les ficelles d'un complot.

Il se reprit, un grand sourire ornait son visage.

- Au debut, au telephone, quand tu m'as appelé j'ai pensé, que tu avais été droguée afin d'assouvir les pulsions sexuelles d'un allumé du bocal.

- Mais, à la reflexion .....

Fredo inspira profondement

- Et comme tu fais du rollère, je suis maintenant certain que ce n'est pas du tout ca.

Vachou fixait Fredo intensément.

- Je pense qu'il s'agit d'un empoisonnement au Virus-Qui-Rend-Gueudin.

Vachou eructa.

- Ben merde .... !

Fredo enchaina.

- C'est un produit extremement versatile, mis au point par un dénommé Koyangi.

- c'etait il y'a bien longtemps ....

- Koyangi était un brillant patineur

- Un jour, il partit pour l'orient, l'extreme orient.

- quand il revient, quelques années aprés, il n'etait plus le meme.

- il avait changé.

- Puis, un jour, on a compris qu'ils passait le plus clair de son temps à tirer les ficelles de complots plus machiaveliques les uns que les autres.

- Sa premiére victime fut un patineur que l'on appelait affecteusement, le petit-maitre.

- certains d'entre nous ... également contaminés.

Fredo se racla la gorge, toussota légerment.

- Ou plutot, .... certaines ....

- lui consacrérent un culte curieux.

- Le culte du GCFT ou culte du "Grand Controleur des Forums de la Toile"

En disant cela, il était manifeste que Fredo etait ému, Vachou ne pipait mot, il continua.

- allant jusqu'a offrir des fleurs en hiver, à un autel gelé, dont elles chassaient la neige avec leurs petites mains nues, frottant à même la pierre.

Vachou était captivée, une pluie fine tombait sans relache sur le pont desert. Ils étaient seul au monde. Sur la Seine en contrebas, un voilier de plaisance, le mat couché sur le cockpit, remontait la riviere au moteur.
Le skiper, engoncé dans un ciré jaune, la main nonchalament posée sur la roue du pilote, semblait comme irréel.
Les ponts, les voitures qui se croisent, la pluie qui darde des ses milliers de petites aiguilles la surface de l'eau qui crepite. Bientot, la lumiére jaune pisseuse des lampadaires qui font ressembler les passants à des lepreux.
Bientot, la nuit.

- Vachou .... connait tu un dénomé V-l1 ??

Vachou malgré ses cheveux noir en bataille et ses grands beaux yeux verts rougis par les pleurs et la souffrance, semblais revivre, en fait, elle rayonnait.

- Je sais que je dois rencontrer un keumé qui s'appelle V-l1, mais je l'ai confondu avec un Philippe.

L'air pensif, Fredo repris.

- C'est ca, c'est ca, il faudrait retrouver V-l1.

- Nous devons le retrouver, et lui parler !!!