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29/08/01 - 18:25
De: rielmu (deutschl@nd über alles) [son site est en ligne depuis le 28 septembre 2001 http://perso.wanadoo.fr/galeries.peintures/pageper/]
Sujet: Le CR de la Randonnée berlinoise

Les photos sont sur cet album et sur son site.

Petit Flashback :

Le 22 juillet 2001, le y1sch et la Rielmu envisagent de passer un WE en amoureux. La direction dans laquelle ils regardent ensemble n'est autre que Berlin, ville de révolutions, ville bohème et désormais ville de rollers. N'ont-ils pas lu sur le ouèbe qu'une randonnée, inspirée de la FNF, réunit chaque vendredi soir 2000 à 4000 patineurs.
Du 24 au 30 juillet la Rielmu étudie les tarifs aériens et opte pour Air France, compagnie sur laquelle elle n'a jusqu'à présent jamais été malade.
Le 2 août, au comptoir d'Air France, la Rielmu retire 2 billets pour Berlin. En bonne vieille routarde avisée, elle refuse en bloc l'assurance annulation et l'assurance bagages proposées, d'une voie suave, par l'hôtesse.
Le 5 août la Rielmu laisse, dans un allemand laborieux, un message sur le forum de la Berlin Parade pour annoncer son arrivée et celle du Y1sch le 24 août.
Le 6 août les autorités Berlinoises annoncent à Stephen Imm, organisateur de la Berlin Parade que la manifestation n'est plus autorisée, jusqu'à nouvel ordre.
Des appels à la solidarité et aux randos sauvages sont lancés sur le forum de la Berlin Parade. La Rielmu et le Y1sch acceptent de verser leur sang pour la cause berlinoise et maintiennent leur voyage, puisque de toute façon les billets ne sont pas échangeables.


24 août 2001 : 20h Alexander Platz Parking sud.

Drôle d'endroit pour une rencontre. L'Alexander Platz, fleuron de l'architecture de l'ex RDA, est dominée par la Fernseh Turm, à côté de laquelle notre Tour Montparnasse fait figure de référence esthétique.
La Rielmu et le Y1sh transpirent à grosses gouttes sous leur tee-shirt de bulots. Il faut dire que le mercure s'est emballé dans l'après-midi et qu'ils se sont tapés à pied les 3-4 km qui séparent la porte de Brandebourg à la colonne de la Victoire, avant de réaliser que cette dernière n'est qu'un vulgaire monument érigé par Hitler dans un délire mégalomane.
Une cinquantaine de rollers attendent le départ, s'échauffent, se jaugent, se comptent. Premier constat, les patineurs portent pour la plupart des protections et freinent tous au tampon. Deuxième constat: le taux de participation des quaddeurs est nul.
Rielmu baragouine 3 mots d'allemand pour se présenter. Les participants lui répondent dans un excellent français, souhaitent la Bienvenue aux Parisanischen Besucher, tout en se demandant ce qu'ils sont venus faire dans cette galère.
Le Y1sch tente l'esbrouffe et essaie de passer un slide. Malheureusement ses roues neuves, même pas limées, accrochent le sol, et son geste n'a pas la grâce escomptée.

Stephen paraît, il revient de vacances et n'a pas participé aux sauvages des deux dernières semaines. Il est donc là en simple visiteur. Le mot d'ordre : nous nous sommes retrouvés par hasard. Pas de tee-shirt de la Berlin Parade, pas de leader, la discrétion est de mise, ce soir-là.
Et encore ce vendredi est, paraît-il, exceptionnel, car il n'y a pas de voiture de police pour surveiller les rollers.

Le petit cortège se met en route.

Nous roulons depuis à peine 5 mn quand l'horrible fourgonnette verte passe à côté de nous et une voix dans le Haut-Parleur vocifère : "Ici la Police, empruntez le trottoir". les participants quittent à regret la lisse chaussée Berlinoise. Et là, on comprend les revendications des rollers berlinois. Les trottoirs sont tous simplement infects. Les bétonneurs ont eu l'excellente idée de paver toutes les entrées de parking. Donc tous les 20 m on bute sur des pavés bien rugueux, bien épais, le genre de pavés qui font chuter la Rielmu en raffeur. On constate, par la même occasion, que le niveau des patineurs Berlinois se situe sur une échelle de confirmé à carrément bon, car durant toute cette aventure nous n'avons pas assisté à la moindre chute malgré le rythme soutenu du cortège.

Première pause au carrefour. Deux gaillards descendent à pied de la voiture verte. Profitant d'un rapport de vitesse favorable, la randonnée effectue un demi-tour, comme un seul homme, et s'envole dans la direction opposée, clouant sur place les deux gorilles. Leur vengeance ne se fera pas attendre.

En se rapprochant de l'Alexander Platz, les héros découvrent avec effroi la maudite fourgonnette verte et assistent, stupéfaits et impuissants, à l'arrestation de Stephen.
Ça ne rigole pas avec la réglementation sur les rassemblements. Le meneur présumé doit être neutralisé. Commence alors une longue discussion avec la Polizei. Les participants réclament la libération de leur copain, niant sa qualité de leader. Par solidarité, un autre participant demande à être interrogé dans la fourgonnette.
Le petit groupe entoure le véhicule, pour empêcher un éventuel démarrage surprise. Du coup une seconde fourgonnette vient en renfort et se met un peu à l'écart, prête à intervenir. Au bout d'une demi-heure de vaines négociations, le cortège abandonne ses camarades à leur triste sort et reprend sa route.

A Berlin le traceur a une grosse responsabilité. La Ville représente 3 ou 4 fois la surface de Paris. Donc pas question de se tromper de chemin. Le Y1sch et la Rielmu suivent docilement leurs camarades, qui passent au milieu des terrasses de café, non sans provoquer quelques bris de verres, dans la Museum Insel, puis sur la Friedrich Strasse.
Lorsqu'il se retourne et que parfois il ne voit plus ni la moto de la polizei ni l'ignoble fourgonnette verte, le patineur se risque sur la délicieuse chaussée Berlinoise et s'autorise une petite pointe à 30 à l'heure. Un bonheur, toujours de courte durée, car la randonnée a beau prendre les sens interdits et les rues piétonnes, ses encombrants anges-gardiens, ne la lâche pas d'une roulette.

Pause devant le Sony Center, symbole du renouveau berlinois. Sous la coupole ultra moderne donnant accès au cinéma et au centre commercial des cafés restaurants forment un grand cercle autour de la fontaine centrale.
Notre nouveau traceur nous annonce qu'il va faire quelques petits tours de piste sous la coupole et lance une invitation à laquelle nul roller digne de ce nom ne saurait résister "Wer kommt mit ?".

Une vingtaine de patineurs s'engouffre dans le Sony Center et commence à tourner autour de la fontaine sous les yeux ébahis des buveurs de bière venus chercher un peu de fraîcheur sous la coupole climatisée. Devant une telle provocation, un vigile français lambda aurait été se planquer dans un petit coin et aurait appelé en renfort une brigade de CRS. Mais les deux vigiles allemands du Sony-Center ne sont pas des lavettes et téméraires ils tentent d'attraper les humanoïdes roulants qui les narguent du haut de leurs in-line. Le plus âgé des vigiles lance son chien sur le Y1sch...! Reconnaissant sans doute l'un de ses pairs, le toutou muselé ne montre pas la moindre agressivité alors que son maître se jette par deux fois sur le Riton et la Rielmu qui lui filent entre les doigts dans un grand éclat de rire.

Après quelques tours de piste, nous ressortons du Sony Center et retrouvons Stephen et son acolyte enfin relâchés par les méchants flics.

La promenade peut continuer. Direction Colonne de la Victoire (encore elle) via le Philarmoniker Zentrum. De là nous empruntons la piste cyclable pour rejoindre la Porte de Brandebourg, ignominieusement recouverte d'une bâche représentant d'un coté Paris, de l'autre Moscou ( et symbolisant pour ceux qui ne l'auraient pas compris, le passage à l'ex-ouest et à l'ex-est de la Ville). En tout cas le vrai billard de Berlin se trouve là. 3 ( ou 4 km ) de piste lisse et silencieuse le long du Tiergarten.

Passage à l'est par la Porte de Brandebourg puis retour à Alexander Platz. Minuit approche et la Fernseh Turm a muté. L'immonde appendice a pris une lueur violine et illumine la Ville. Superbe.

Les petits hommes verts nous attendent toujours sur le parking de l'Alexander-Platz. Quelques tours de rollers autour de la fourgonnette, comme ultime provocation, discussions juridiques à bâtons rompus sur le caractère politique ou non de la Berlin parade, et la réunion s'achève. Les derniers résistants se rendent en banc sur une terrasse de café, s'offrent une glace et un rafraîchissement bien mérités.

La soirée n'est pas tout à fait terminée. Berlin est une Ville qui ne dort jamais. Vers 1h nous nous séparons en petits groupes, pour rejoindre nos logis. Avec notre hôtesse, Veronika, nous prenons la direction de Prenzlauer Berg, nouveau quartier branché de la Ville. Nous affrontons la première côte de la soirée, mais à côté des Gobelins, c'est de la rigolade. Une demi-heure plus tard nous arrivons enfin épuisés mais heureux.

Au risque de décevoir mes chers lecteurs, je dois avouer qu'à la suite de ces péripéties, et découragés par la canicule, nous n'avons pas rechaussé nos rollers durant le reste du week-end.


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